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Mariannick Hulain ainsi qu'une jeune étudiante d'Agro Sans Frontière se sont rendues à Kamadena en janvier 2011 pour dégager, avec les villageois, les priorités agricoles. Quatre points d'importance inégale ont été abordés :
Demande d'une formation sur la fertilisation des sols, qui a été réalisée depuis en juin 2011, regroupant environ 45 villageois.
Projet de construction d'une digue pour canaliser la rivière qui a menacé gravement le village en 2009. Ce projet nous a semblé, au moins à l'heure actuelle, trop important pour nous. Il demande une phase d'étude avant qu'on ne s'engage dans des travaux importants. Le lit du fleuve a évolué considérablement ces dernières années. Depuis les villageois ont décidé de réaliser eux-mêmes une digue en terre ; elle a tenu cette année, malgré une pluviométrie moyenne.
Projet d'éradication d'une mauvaise herbe qui envahit la plaine rizicole au pied du village. Ceci nécessiterait une action mécanique : extirper les rhizomes (tiges souterraines, un peu comme le chiendent chez nous) à la période sèche ; or les bœufs n'arrivent pas à le faire compte tenu de la densité des rhizomes. L'acquisition d'un tracteur, sans doute en commun, nécessite une expérience du travail en commun qui n'existe pas encore dans le village. C'est sans doute une piste de travail que nous suivrons dans les années qui viennent.
Projet de maraîchage.
Celui-ci n'est pratiqué que dans le cadre de petits jardins à usage familial. La proximité de la nappe phréatique (à moins de 10 mètres de profondeur) permettrait d'aménager une zone de maraîchage. Il faudra prévoir des puits. Différents types de puits existent : des puits sommaires, les « puits maraîchers », les plus nombreux. Ce sont de simples trous avec deux rondins de bois permettant à la corde que l'on tire, pour remonter un bidon de plastique d'une dizaine de litres, de frotter contre le bois. Cela évite un éboulement rapide du bord du puits. On peut envisager des puits avec pompe à roue, margelle et une récupération de l'eau qui s'écoule toujours du puits dans un petit bassin. C'est ce type de puits qui existe à l'école.
A assez court terme il faudra clôturer cette zone de façon à ce que les animaux, laissés en liberté à la saison sèche, après les récoltes, vers novembre, ne détruisent pas les semis maraîchers.
Les villageois cultivent majoritairement l'oignon, parce que son port dressé fait qu'il a peu de maladies et que par ailleurs, il se conserve assez facilement. On a également des courges, des choux et des tomates. Si la production se développe, le problème de la conservation se posera rapidement, mais un pas après l'autre...
Dans cette partie de définition du projet nous insistons pour que les équipements soient le plus collectifs possibles : c'est à dire pour que les parcelles soient regroupées même si elles sont organisées par quartiers. Il existe 5 à 6 quartiers dans le village correspondant, en partie, aux différentes ethnies.
Une association s'est déjà créée : le Comité Agricole de Kamadena, qui sera notre partenaire pour ce projet. C'est presque une tradition : à chaque nouveau projet nous demandons que se crée une association spécifique. Cela dit, le moulin sera géré par l'Association des Mères Éducatrices qui n'est pas une nouvelle association mais c'est vraiment la première fois qu'elle organisera elle-même une action de cette ampleur (bâtiment, matériel, carburant, personnel -le meunier-).
D'autre part, parallèlement, nous recherchons le financement de ce nouveau projet. Nous avons déposé un demande auprès du syndicat des eaux de Vern-Chantepie au début de l'été. Depuis février 2005, la loi Oudin permet à ces syndicats des eaux de financer des actions de coopération internationale dans la limite de 1% du budget de leurs services d’eau et d’assainissement. Nous attendons la réponse.
Nous n'avons pas parlé de l'école et de son électrification récente à l'aide de panneaux solaires que l'association a financés, ni du centre de santé qui voit naître environ 30 bébés par mois. Nous espérons pouvoir rééditer un chantier de jeunes Cantepiens comme nous l'avons fait en 2009, mais nous en reparlerons lorsque le village aura donné son accord, car nous ne pouvons organiser un tel chantier, d'un mois, qu'en été, la saison de l'hivernage à Kamadena (et dans l'Afrique de l'Ouest), période intense de travaux des champs pour les villageois.