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TEMOIGNAGE : UN MOULIN POUR KAMADENA
Daniel Vauléon et Suzanne Le Moign sont allés à Kamdena en février 2010. Suzanne nous livre ici sont témoignage et la génèse d'un projet qui a commencé lors de ce voyage, la mise en place d'un moulin à mil et à Karité dands le village. Depuis plusieurs échanges ont eu lieu par courrier pour approfondir la gestion et l'organisation de cette nouvelle activité entre l'Association des Mères Éducatrices de Kamadena et Chantepie Solidatiés Nord Sud.
De notre séjour, au village de Kamadena en février 2010, Daniel et moi pouvons témoigner de l’évolution du travail engagé en partenariat entre les villageois et l’association Chantepie Solidarité Nord sud. Le séjour d ‘été organisé par l‘association, six jeunes accompagnés de Jacques BREGAND, a laissé des traces vives, sur les murs des maisons de maitres rénovées bien sûr mais surtout dans les cœurs. Les sourires qui accompagnent le récit des moments partagés témoignent de l’amitié et du lien occasionnés par ces 3 semaines de partage.
Le dispensaire, la maternité font la fierté des habitants et apportent concrètement une sécurité nouvelle aux femmes et pour cela, de la fierté aux hommes. Elles accouchaient avant, chez elle en brousse, souvent seule, elles viennent maintenant accoucher à la maternité. L’essentiel pour ces femmes c’est l‘aide, la présence, l’accompagnement, les conseils et le suivi dont-elles bénéficient dans ce lieu. Une sage femme et son assistante AMBASSITA, une femme du village sont là pour les accueillir et les aider à mettre leur enfant au monde et leur donner des conseils. Celles-ci témoignent et sont conscientes de l’importance de leur travail.
J’ai pu moi-même assister à la naissance d’une petite fille.. Tout n’est pas gagné loin de là, la jeune maman avait 20 ans et accouchait de son quatrième enfant….
Un immense travail reste à mettre en oeuvre…
Ici surtout, les femmes, sont souvent mise à contribution , elles sont partie prenante de la vie collective, participent à toutes les associations, école, centre de santé, elles sont partenaires dans les projets mis en place, toujours dans la discrétion, un peu en retrait des hommes dans la vie publique mais présentes. Leur participation est grande dans la vie familiale, le repas, les enfants, l’eau, le marché, et à la saison des pluies une participation importante aux travaux des champs.
L’association des Mères éducatrices, l’AME est constituée de femmes uniquement, une vingtaine, elles assurent le midi, une cantine pour les enfants de l’école qui ne sont pas du village, beaucoup d’enfants sur les 350 de l’école font plusieurs km par jour pour venir à l ‘école et ne peuvent rentrer chez eux le midi.
J’ai été émue par ces femmes, touchée par leur simplicité, leur courage mais aussi leur visage ou passe parfois la lassitude, il n’y a pas toujours le mil nécessaire à la cantine, des dotations de riz arrivent parfois pendant un temps, aide de l’état ou d’une association de passage, les femmes cultivent un champs pour l’école mais le compte n’y est pas toujours.
Cependant les enfants eux sont présents, vivants et ont faim tous les jours!
Depuis près de dix ans l’association de l’AME assure les bons et les mauvais jours.
C’est de l’émotion ressentie en leur présence, que s’est imposé en moi l’idée d’initier un espoir à ces visages, de décaler la ligne d’horizon quotidienne, laborieuse dans un nouveau projet. J’ai demandé si l’idée de construire un moulin pourrait leur ouvrir des perspectives? De l’agitation qui s’en est suivi chez ces femmes, j’ai compris qu’il y avait là matière d’un vif intérêt pour elles. Mais comment faire?
A quelques trentaines de kilomètre de KAMADENA, le village de KARAKUY s’est doté d’un moulin avec l’aide financière de l’association AFT Burkina de CHATEAUGIRON, depuis trois ans le moulin est géré par l’association des femmes du village.
L’idée a germé de l’échange : et si elles allaient voir? Comment faire? Beaucoup de femmes ne sortent pas des frontières du village . L’agitation s’amplifie, les femmes parlent vivement entre elles, vont chercher quelques hommes et je comprends que ceux-ci sont prêts à accompagner les femmes à une visite de l’association et du moulin de KARAKUY. Les hommes présents partagent l’enthousiasme des femmes et proposent leur aide s’il faut construire un abris au moulin.
J’ai alors proposé d’écrire une lettre de leur part à toutes, que nous, Daniel et moi amènerions à l'autre village dans la suite de notre séjour. C’est ensemble et avec beaucoup d’excitation que nous avons écrit la lettre et je n’oublierais pas ce moment où fièrement chaque femme présente est venue poser sa marque sur le papier, signature d’un engagement dans un nouvel espoir de projet.
C’est un moment précieux et rare celui ou l’espoir ouvre l’horizon et je n’oublierai pas la lumière dans les regards.
Depuis, une délégation de femmes est sortie de son village et, accompagnée de quelques hommes s’est rendue à KARAKUY. Elles ont formulé leur projet de demande d’aide à l’association Chantepie Solidarité Nord Sud qui a validé le projet d’aide financière pour 2500 euros, le coût du moulin.
Lors de son séjour en février 2011 Mariannick Hulain a témoigné de l’avancement du projet avec la construction en cour du bâtiment et aux dernières nouvelles reçues de KAMADENA, le moulin est arrivé au village.
L’étape suivante : l’organisation de la gestion du moulin, elle se met en place. Un meunier travaillera au moulin quelques heures par jour. Ce moulin devrait d’abord soulager le travail quotidien des femmes, celles du village mais aussi des alentours, l’argent récolté devrait permettre de s’auto-sufire (meunier, gazoil) et peut être de générer quelques bénéfices pour l’achat de mil pour la cantine… voire pour la mise en place d’un micro crédit?.. …. A suivre
Presque deux années ont été nécessaires pour mettre en place cette action, un apprentissage de la patience pour ces femmes. Elles qui avancent au rythme de leur pas, dont la journée s’écoule rythmée par le travail dans les champs, celui de la maison, la famille et l’investissement dans leur association, entre lever et coucher du soleil.
Nous avons beaucoup à apprendre d’elles.
Vous tous, amis de l’association Chantepie Solidarité Nord Sud, soyez assuré que l’espoir qui est apporté à ces femmes contribue à l’évolution de toute la population d’un village quelque part à KAMADENA. Les regards que vous croiserez sur la place des Marelles pour la semaine de la solidarité confirmeront mon témoignage. Merci pour elles.
Suzanne Le Moign